Le visuel prédomine

Soupe Campbell et pigeons (© Pierre Fraser, 2018)
Première confirmation (© Marie-Paule Léveillée, collection privée, 1938)
La dimension cachée des plateformes de partage

Citer cet article
Vignaux, G., Fraser, P. (2021). « Le visuel est partout ». Revue de Sociologie Visuelle : Territoires visuels, vol. 1, n°1 , p. 19-22. ISBN : 978-2-923690-6-2.

Dans un contexte où l’image est partout, où l’image prédomine, il y a là toute une dimension visuelle et sociale qui est mise en action et qui conditionne nos vies. Le simple panneau routier et le feu de circulation régissent nos déplacements. L’architecture structure nos espaces de vie et nos relations sociales. Le panneau-réclame et la publicité communiquent des façons d’être et de consommer. Dans un contexte technologique où chacun est en mesure de produire et de diffuser des images à partir de son téléphone intelligent, où la consommation d’images est inévitable, la sociologie visuelle propose de mobiliser la production d’images, fixes ou animées, pour rendre compte des différentes réalités sociales qui travaillent et traversent la société.

En fait, les images dépeignent des réalités sociales que ne peuvent montrer les mots et les chiffres, d’où la nécessité de les mobiliser pour saisir toutes les subtilités de la réalité sociale. En arts visuels et médiatiques, l’image et le message encapsulent des valeurs sociales, d’où l’idée de les décoder, socialement parlant. En géographie, les innombrables repères visuels disséminés partout sur le territoire circonscrivent un territoire social invisible, sous-jacent, en épaisseur, qui se superpose au territoire géographique, d’où des repères, des parcours, des franges et des réseaux visuels qui régissent la vie sociale dans son ensemble. En architecture, le bâtiment, à travers ses aménagements, structure la nature même du lien social dans des parcours visuels précis, définit les conditions de l’espace de vie, d’où l’importance de le traduire en images pour en saisir la portée sociale.

Si on part de l’idée que l’image doit être pensée comme un texte, c’est-à-dire des tissus capables de former des ensembles de significations dont il est possible de décrire le fonctionnement et les effets induits, le lecteur sera amené à traiter l’image comme un modèle efficace d’expression, de communication, de monstration et de démonstration, un outil qui rassemble les trois principes fondamentaux d’une analyse : la description, la recherche des contextes, l’interprétation.

Si le pouvoir de l’image dépasse parfois celui des mots, et si l’image met le citoyen en contact avec des réalités qu’il ne verrait pas autrement, alors la sociologie visuelle doit donc s’appuyer sur des concepts théoriques qui lui sont propres pour parvenir à rendre compte autrement de ce que la sociologie théorique ou quantitative fait déjà avec rigueur et efficacité. Autrement dit, si la sociologie visuelle veut rendre compte de la façon la plus adéquate possible des réalités sociales par l’image, elle ne doit en rien sacrifier à la rigueur de la méthode scientifique. Et c’est justement ici qu’intervient notre proposition de territoire visuel, car nous pensons qu’elle dispose d’un certain potentiel pour parvenir à traiter le social à travers l’image.

En cliquant sur chacune des images de gauche, j’invite le lecteur à entrer dans le potentiel qu’offre la sociologie visuelle. Qu’il s’agisse de l’image, fixe ou animée, tout un monde de possibilités d’analyse à caractère sociologique se dévoile et montre à quel point l’image est un puissant outil de mise en relief de différentes réalités sociales.

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