Comment brader le patrimoine bâti ?

La réalité sur le terrain

Il est difficile de donner un rythme précis de la disparition du patrimoine bâti du Québec sous le pic des démolisseurs, car cela dépend de nombreux facteurs tels que la conjoncture économique, les politiques municipales, l’état des bâtiments, etc. Cependant, il est généralement admis que le Québec a perdu une quantité importante de son patrimoine bâti au cours des dernières décennies.

Selon un rapport publié en 2012 par l’organisme Héritage Montréal, qui se consacre à la protection du patrimoine de la métropole québécoise, environ 1 000 bâtiments patrimoniaux ont été démolis à Montréal seulement entre 2003 et 2012. Le rapport note également que la plupart des démolitions sont le résultat de l’absence de mécanismes de protection suffisants, ainsi que de la pression exercée par les promoteurs immobiliers.

Un autre rapport publié en 2019 par Héritage Montréal souligne que la situation ne s’est pas améliorée. Entre 2015 et 2018, plus de 600 bâtiments patrimoniaux ont été démolis à Montréal, et de nombreux autres sont menacés. Le rapport note que la protection du patrimoine bâti à Montréal est insuffisante et que les mécanismes existants sont souvent contournés par les promoteurs immobiliers.

La situation est similaire dans d’autres villes du Québec. Par exemple, un rapport publié en 2016 par la Ville de Québec indique que plus de 300 bâtiments patrimoniaux ont été démolis dans la ville entre 2003 et 2013. Le rapport souligne également que la majorité des démolitions sont le résultat de l’absence de protection légale suffisante.

En somme, bien que des efforts soient déployés pour protéger le patrimoine bâti du Québec, la disparition de ce dernier sous le pic des démolisseurs reste un problème important dans de nombreuses villes de la province. Les organismes de protection du patrimoine continuent de plaider en faveur d’une protection plus solide et plus efficace pour assurer la préservation de ce patrimoine.

L’architecture et l’urbanisme

L’architecture et l’urbanisme ont toujours joué un rôle important dans la création et la transformation des villes, mais leur place dans la société a évolué au fil du temps. Aujourd’hui, leur rôle va au-delà de la simple construction de bâtiments et de quartiers. Ils sont des outils de développement économique et social, et ont un impact sur la qualité de vie des habitants, la durabilité et l’environnement.

Dans un article de la revue « Progress in Planning », B. J. L. Berry affirme que « l’architecture et l’urbanisme ont la responsabilité de façonner l’environnement bâti de manière à améliorer la qualité de vie de la population et à encourager le développement durable ». De plus, il souligne que ces deux disciplines doivent être intégrées dans le contexte social, économique et politique dans lequel elles évoluent.

La place de l’architecture et de l’urbanisme au présent doit être de répondre aux besoins des citoyens, de promouvoir la durabilité et d’encourager le développement économique et social. Dans un rapport de l’Organisation des Nations unies, il est souligné que « les villes sont des moteurs de croissance économique, d’innovation, de créativité et de développement social ». Par conséquent, il est important que l’architecture et l’urbanisme soient des outils pour favoriser la croissance économique tout en garantissant la qualité de vie des habitants.

En ce qui concerne la relation entre les bâtiments modernes et les bâtiments anciens, cette question est complexe et suscite souvent des débats. Certains architectes et urbanistes pensent que les bâtiments modernes devraient s’intégrer harmonieusement dans leur environnement, en prenant en compte les styles architecturaux et les caractéristiques culturelles des bâtiments anciens. D’autres estiment que la construction de bâtiments modernes doit se démarquer des bâtiments historiques pour créer une rupture stylistique.

Cependant, il est important de prendre en compte les impacts sociaux, économiques et culturels de la construction de bâtiments modernes dans des quartiers historiques. Une étude de l’Université de Princeton montre que la gentrification des quartiers historiques peut entraîner une augmentation des prix de l’immobilier, ce qui peut chasser les résidents locaux à faible revenu.

En fin de compte, la place de l’architecture et de l’urbanisme au présent doit être de favoriser la durabilité et l’inclusion sociale tout en répondant aux besoins des citoyens. Les bâtiments modernes doivent être construits en prenant en compte leur contexte environnemental, culturel et social, afin de contribuer au développement de villes durables et inclusives.

Références :
Berry, B. J. L. (2004). «Urban design as an interdisciplinary activity». Progress in Planning, 61(1), 1-52.
Organisation des Nations unies (2016). New Urban Agenda. Habitat III Conference.
Hackworth, J. & Smith, N. (2001). «The changing state of gentrification». Tijdschrift voor economische en sociale geografie, 92(4), 464-477.
Glaeser, E. L., & Gottlieb, J. D. (2009). The Wealth of Cities: Agglomeration Economies and Spatial Equilibrium in the United States. National Bureau of Economic Research