La sémiographie générative, en s’appuyant sur l’imagerie générative, permet de générer des images à partir de schémas textuels sémiotiques, qui organisent les significations d’un contexte visuel inexistant fabriqué par une intelligence artificielle.
Canalisée
De tous les éléments, l’eau est la merveille, Elle gronde, elle ruisselle, elle scintille, elle émerveille. Elle court en torrent, cascade impétueuse, Frappe les rocs altiers, si majestueux.
Mais l’homme, avide d’or et de progrès, Sous son emprise, l’eau a connu la tristesse. Il la contraint, l’oblige à travailler, Dans ses usines sombres, sans relâche, sans arrêter.
L’eau docile devient alors esclave, Sous les roues, les turbines, elle s’aggrave. Elle se courbe, se plie, sans mot dire, Son énergie, capturée, l’industrie fait frémir.
Les moulins, jadis témoins d’une vie paisible, Ont laissé place à l’usine, cet édifice terrible. Les rivières, grondantes de leur force déchaînée, Sont canalisées, canalisées sans pitié.
Pourtant, malgré l’oppression, l’eau reste puissante, Elle se rebelle, se déchaîne, elle chante. Dans les turbines infernales, elle rugit, Comme pour rappeler qu’elle est force infinie.
Certains crieront à l’imposture intellectuelle, d’autres dénonceront le plagiat, plusieurs dénigreront l’imagerie générative, mais chose certaine, le génie est sortie de la bouteille et il sera impossible de l’y faire entrer à nouveau. D’où l’idée qu’il vaut mieux en explorer les arcanes que de se braquer contre ses possibilités. Et c’est ici que j’introduis la notion de sémiographie générative : la sémiographie générative, en s’appuyant sur l’imagerie générative, permet de générer des images à partir de schémas textuels sémiotiques, qui organisent les significations d’un contexte visuel inexistant fabriqué par une intelligence artificielle. Dans le cadre du présent exercice sémiographique, j’ai voulu explorer la dimension de l’eau, dans sa force, dans son écoulement, dans sa retenue et dans son déploiement. Le résultat est intéressant à plus d’un égard, car il permet d’entrevoir non seulement certaines possibilités sur le plan artistique, mais d’explorer aussi différentes dimensions iconiques de l’eau, voire de la recaler, dans ce contexte, dans son industrialisation.
Ces trois icônes de l’alimentation française transcendent leur simple fonction nourricière pour devenir des signes culturels et symboliques d’une certaine histoire de la France. Si la baguette de pain reflète l’histoire sociale et économique du pays, si le fromage, quant à lui, est profondément enraciné dans les traditions agricoles et rurales françaises, le vin rouge, pour sa part, symbolise non seulement le savoir-faire viticole français, mais renvoie aussi à une certaine façon de vivre empreinte de plaisir.
Trinité sacrée
Ô délices de la table, trinité sacrée, Symboles enchantés de la France éternelle, La baguette de pain, le fromage et le vin rouge, Vos noms résonnent comme un chant dans les cieux.
Qu’il est doux, le parfum de la baguette fraîche, La promesse dorée d’une mie tendre et chaude, Sa croûte croustillante, fine et bien dorée, Dévoile en son secret les merveilles de la pâte.
Des champs de blé doré jusqu’à nos tables fières, La baguette est le lien de notre patrimoine, Témoin des siècles passés, de l’artisanat pur, Elle incarne l’essence même de notre âme.
Et toi, noble fromage, d’une variété infinie, Dans ta diversité, tu charmes tous les palais, Du Camembert fondant au goût suave et crémeux, Au Roquefort puissant, bleu comme les cieux.
Au-delà de tes formes, c’est ton histoire qui parle, Chaque région est fière de son précieux trésor, De la Normandie aux Alpes, des plaines aux vallées, Tu es l’âme de nos terroirs, le reflet de nos vies.
Le vin rouge, roi des nectars et des plaisirs, De tes vignes se dessine l’essence de nos terres, Dans les verres cristallins, ton élixir s’écoule, Rouge comme le sang qui anime nos cœurs ardents.
Bordeaux, Bourgogne, Champagne et tant d’autres, Chacune offre au monde sa palette de saveurs, Fruits mûris par le soleil, caressés par le vent, Tu enchantes les papilles, tu nourris nos rêves.
Baguette, fromage, vin rouge, trinité sacrée, Icônes immortelles de notre gastronomie, Symboles d’une nation fière et passionnée, Vous demeurez gravés dans notre mémoire infinie.
Ces trois icônes de l’alimentation française transcendent leur simple fonction nourricière, signes culturels d’une certaine symbolique de la France. Si la baguette de pain reflète l’histoire sociale et économique du pays, si le fromage, quant à lui, est profondément enraciné dans les traditions agricoles et rurales françaises, le vin rouge, pour sa part, symbolise non seulement le savoir-faire viticole français, mais renvoie aussi à une certaine façon de vivre empreinte de plaisir. Autrement, d’un strict point de vue sémiologique, la baguette de pain peut être interprétée comme un symbole de tradition et de l’art de vivre à la française : sa forme allongée et sa croûte croustillante évoquent l’artisanat et le savoir-faire des boulangers, mais elle représente également la convivialité et le partage, car souvent partagée lors des repas en famille ou entre amis — ainsi, la baguette de pain devient un signe de l’identité culturelle et gastronomique française. Le fromage, quant à lui, incarne la richesse et la diversité culinaire de la France : avec ses différentes textures, saveurs et variétés régionales, le fromage symbolise la tradition artisanale, le terroir et l’attachement à la terre, car chaque fromage français possède une identité propre, liée à une région spécifique, renforçant d’autant son statut d’emblème de l’authenticité culinaire française, souvent associé à des moments de dégustation prolongés, favorisant les échanges et les plaisirs gustatifs. Enfin, le vin rouge, souvent perçu comme le couronnement de l’art de la gastronomie française, représente non seulement l’élégance, la sophistication et l’harmonie des saveurs, mais est aussi souvent considéré comme le compagnon idéal de tout repas, apportant convivialité et célébration à la table.
Si, Balzac, dans ses romans, a accordé une telle attention aux détails et aux aspects réalistes de la vie de ces personnages, y compris leurs repas et leurs habitudes alimentaires, il a montré comment le pain était au centre des repas modestes et quotidiens des classes populaires de l’époque, associé à la subsistance et à la nécessité plutôt qu’au plaisir gastronomique, alors que le fromage, généralement présenté comme un élément de repas plus raffiné, était souvent lié à des moments de convivialité, de rencontres ou de repas plus élaborés réservés aux classes sociales plus aisées. Chez Balzac, le vin est présenté comme marqueur social : les personnages de la haute société, souvent représentés comme des connaisseurs de vin, sont capables de distinguer les différents cépages et appellations, et de discuter de leurs caractéristiques avec expertise. En revanche, les personnages des classes inférieures ou des milieux modestes sont plus susceptibles de consommer des vins plus simples et moins coûteux, souvent présentés comme une source de réconfort et de plaisir pour les classes laborieuses, mais aussi comme une échappatoire à leur réalité quotidienne. Il fera également du vin un reflet des pulsions humaines et des conflits intérieurs de ses personnages qui succombent à son ivresse, conduisant par là à des comportements excessifs, à des ruptures sociales ou à des tragédies.
Un souper à la pension Vauquer
« Assis au bas-bout de la table, près de la porte par laquelle on servait, le père Goriot leva la tête en flairant un morceau de pain qu’il avait sous sa serviette, par une vieille habitude commerciale qui reparaissait quelquefois. »
— Eh bien, lui cria aigrement madame Vauquer …, est-ce que vous ne trouvez pas le pain bon ?
— Au contraire, madame, répondit-il, il est fait avec de la farine d’Étampes, première qualité. — À quoi voyez-vous cela ? lui dit Eugène. — À la blancheur, au goût.
Bien avant Bourdieu, Balzac avait bien saisi que la nourriture établit et maintient des distinctions sociales. Toutefois, Bourdieu, dans son ouvrage majeur La Distinction : critique sociale du jugement, a fort bien formalisé comment la notion de goût et la manière dont sont effectués certains choix culturels sont déterminés par des facteurs sociaux, économiques et symboliques. Même si Bourdieu n’a jamais explicitement traité du pain, du vin et du fromage, il n’en reste pas moins que les vins fins et les fromages de qualité peuvent être perçus comme un signe de sophistication et de capital culturel élevé, d’où l’idée soutenu par ce dernier que les goûts et les pratiques alimentaires sont souvent influencés par la position sociale et les normes culturelles dominantes.
Finalement, que Balzac ou Bourdieu traitent différemment de l’alimentation, il n’en reste pas moins que la baguette de pain, le fromage et le vin rouge sont devenus des icônes de l’alimentation française en raison de leur longue histoire, de leur tradition et de leur excellence gastronomique. Ils reflètent l’art de vivre à la française et la passion des Français pour la bonne nourriture et les plaisirs culinaires.
Visuellement parlant, tout, dans une boulangerie industrielle, semble contrevenir au respect de l’environnement, à la qualité et à la saveur du pain, à l’économie locale, à la préservation des savoir-faire ancestraux. La pâte, loin d’être pétrie par le lent labeur des mains, l’est plutôt par des moyens mécaniques.
En contraste
Pain industriel
Dans notre monde, tout semble s’opposer à quelque chose. Depuis les années 1960, les environnementalistes ont particulièrement mis en opposition les aspects industriels et artisanaux de divers domaines. Que ce soit dans l’agriculture, où l’on oppose l’agriculture à grande échelle à l’agriculture biologique, la production maraîchère mondiale à la production locale et de proximité, ou encore dans l’élevage, où l’élevage intensif peu soucieux du bien-être animal est opposé à l’élevage extensif favorisant les vastes espaces et les pâturages naturels. Ce discours de la rusticité s’est développé, mettant en valeur la durabilité environnementale. À ce titre, le pain n’a pas échappé à cette opposition, et les grandes boulangeries industrielles ont de facto été associées à une surproduction et à un gaspillage alimentaire importants. À l’inverse, les artisans boulangers produisent généralement en fonction de la demande locale, permettant d’autant de limiter le gaspillage et de réduire la quantité de déchets alimentaires.
D’un point de vue visuel, une boulangerie industrielle semble en totale contradiction avec le respect de l’environnement, la qualité et la saveur du pain, l’économie locale, et la préservation des savoir-faire ancestraux. La pâte, au lieu d’être pétrie laborieusement à la main, est plutôt manipulée de manière mécanique. Mais, il ne faut pas être dupe de l’image iconique renvoyée par la fabrication du pain artisanal dans un milieu lui-même tout aussi artisanal, avec ses couleurs chaudes où la présence du bois plutôt que du métal domine, car cette représentation vise avant tout à promouvoir une image commerçante et commerciale ; l’artisan doit vendre pour vivre. Les éclairages dans la représentation iconique du pain artisanal ne sont qu’un aspect parmi d’autres pour créer une ambiance et une identité visuelle particulière : la disposition des produits, le choix des matériaux, et la décoration jouent également un rôle important. Il s’agit d’instaurer une atmosphère chaleureuse, évoquant des souvenirs d’odeurs de pain frais et de moments partagés autour d’une table.
À l’inverse, rarement voit-on des images d’une boulangerie industrielle, car la représentation iconique industrielle du pain n’est pas très vendeuse. Souvent plus axé sur la production en masse et la distribution à grande échelle, l’objectif principal des grandes entreprises industrielles de la boulangerie est avant tout de maximiser l’efficacité et les bénéfices à l’encontre même de l’image traditionnelle et artisanale associée au pain. Conséquemment, pourquoi mettre en avant leur image iconique dans leurs stratégies de marketing ?
En revanche, les grandes boulangeries industrielles ne mettront pas en avant le lieu de fabrication du pain dans leur stratégie marketing comme le feraient les petites boulangeries artisanales, car ici, tout est centré sur la production en masse et la distribution à grande échelle, afin de maximiser l’efficacité et les bénéfices, allant à l’encontre même de l’image traditionnelle et artisanale associée au pain. Par conséquent, pourquoi mettraient-elles en avant cette image iconique « artisanale » dans leurs stratégies de marketing ? La réponse à cette question réside dans la nécessité de répondre aux attentes des consommateurs et de rester compétitives sur le marché. Bien que l’image de l’artisanat soit valorisée, de nombreuses personnes sont également attirées par la commodité et l’accessibilité des produits de boulangerie industrielle. Ainsi, les grandes entreprises cherchent à créer une image attrayante pour séduire ces consommateurs et mettent en avant des éléments tels que la fraîcheur, la praticité, la variété et le prix abordable, afin de convaincre les consommateurs de choisir leurs produits. Imaginons un instant si les grandes boulangeries industrielles diffusaient des images comme celles-ci pour mousser leurs ventes. Auraient-elles le même potentiel marketing de représentation iconique que celle du pain artisanal ?
Imaginons un instant que, pour leur stratégie marketing, les boulangeries industrielles décidaient de montrer l’intérieur de l’usine comme le fait la boulangerie artisanale en modifiant leurs éclairages, passant des lumières blanches et froides à des lumières plus chaudes et moins vives. Pourraient-elles ainsi changer la charge symbolique productiviste qui leur est associée ? Est-ce que l’utilisation d’un éclairage plus doux et chaleureux dans l’environnement d’une boulangerie industrielle pourrait créer une ambiance plus conviviale et accueillante, évoquant l’atmosphère artisanale traditionnelle ? En d’autres termes, est-il possible que des éclairages plus doux contribuent à créer une sensation de proximité et de convivialité, en accord avec l’image traditionnelle du pain ? Rien n’est moins certain, comme le montre l’exercice sémiographique ci-dessous.
En fait, les boulangeries industrielles n’ont pas à montrer le lieu de fabrication du pain, mais plutôt à montrer le produit final, à le mettre en valeur à travers différentes stratégies marketing, à faire croire aux consommateurs qu’elles peuvent aussi fabriquer des pains artisanaux ayant les mêmes qualités et la même saveur que ceux de votre boulangerie du coin. Donc deux régimes iconiques en opposition pour la représentation du pain :
le pain artisanal montre un lieu et son produit, finalisé ou en préparation, à travers une mise en scène où les éclairages créent une atmosphère chaleureuse et accueillante, contribuant ainsi à créer une sensation de proximité et de convivialité, correspondant davantage à l’image traditionnelle du pain ;
le pain industriel montre un produit finalisé à travers une mise scène mettant en valeur sa fraîcheur, sa praticité, sa variété et son prix abordable.
En début d’article je soulignais que, dans notre monde, tout semble s’opposer à quelque chose. En fait, l’iconique du pain artisanal et du pain commercial fonctionne parce qu’il y a opposition. Cette différenciation facilite la compréhension et la communication en fournissant des distinctions claires entre les significations et les usages. Même si les deux types de pain ont une même finalité, soit celle de s’alimenter, ils le font sur une représentation iconique différente, fournissant non seulement une structure au message à véhiculer en facilitant son acquisition et son utilisation destinées à des clientèles socioéconomiquement différenciées, mais aussi en permettant de s’adapter aux besoins changeants des consommateurs et de refléter leurs évolutions culturelles et sociales. Tout n’est que stratégie commerçante et commerciale, qu’il s’agisse de pain artisanal ou de pain commercial.
En somme, l’opposition iconique du pain artisanal versus le pain industriel joue essentiellement un rôle dans la construction et la distinction sociales de l’identité du consommateur et de sa diversité alimentaire. Les différentes oppositions ici présentes reflètent en fait les particularités socioéconomiques et socioculturelles de ce dernier. Le pain artisanal est-il meilleur que le pain industriel, que ce soit au niveau de sa saveur ou de sa qualité nutritive ? Une représentation iconique n’a pas à répondre à cette question, elle ne sert qu’à proposer une différenciation sociale.
Léchée, sobre, attrayante, couleurs chaudes, la symbolique visuel du repas santé a la possibilité d’influencer notre perception et notre appréciation de la nourriture, ainsi que notre motivation à manger de manière équilibrée. À l’inverse, on aura tendance à représenter la nourriture « moins santé » en mettant l’accent sur sa saveur ou son caractère réconfortant plutôt que son aspect visuel et son apparence esthétique.
En contraste
Les aliments avec un ratio de satiété plus élevé sont ceux qui tendent à procurer une sensation de satiété plus durable, malgré une quantité d’énergie relativement faible.
Léchée, sobre, attrayante, couleurs chaudes, la symbolique visuel du repas santé a la possibilité d’influencer notre perception et notre appréciation de la nourriture, ainsi que notre motivation à manger de manière équilibrée. À l’inverse, on aura tendance à représenter la nourriture « moins santé » en mettant l’accent sur sa saveur ou son caractère réconfortant plutôt que son aspect visuel et son apparence esthétique. Non seulement les aliments colorés, tels que les fruits et légumes frais, ajoutent-ils de la vibrance et de l’attrait visuel à un repas santé, mais ils indiquent aussi aussi une diversité de nutriments. On y trouvera des protéines maigres, des légumes, des sources de graisses saines, d’où la présence récurrente d’un flacon d’huile d’olive et d’une coupe de vin rouge. Des herbes fraîches, des épices, des graines ou des garnitures seront également utilisés pour ajouter une touche de décor à un plat, le rendant d’autant plus plus attrayant visuellement.
La dimension iconique d’un repas santé ne se limite pas seulement à son apparence, mais englobe également la façon dont il est représenté dans les médias, la publicité ou les réseaux sociaux. Il y a là toute une industrie du visuel qui incite à la santé, mais qui oublie que ce qu’elle présente n’a rien à voir avec la réalité. Elle crée une image que nous tentons dès lors de reproduire, toutefois inaccessible, et qui persiste dans notre représentation de ce qui devrait être une alimentation santé, c’est-à-dire créer des attentes irréalistes ou un sentiment de découragement chez ceux qui pensent qu’ils ne peuvent pas atteindre ces normes iconiques. Et si cette représentation de plats sophistiqués, d’ingrédients exotiques ou d’arrangements artistiques, donnaient plutôt l’impression que l’alimentation saine est inaccessible ou réservée à une élite ? Non seulement oublie-t-on trop souvent que les connaissances en matière de nutrition et les compétences en matière de préparation des repas varient selon les groupes socio-économiques, mais on oublie aussi parfois que les aliments avec un ratio de satiété plus élevé sont ceux qui tendent à procurer une sensation de satiété plus durable, malgré une quantité d’énergie relativement faible.
La dimension iconique du télétravail est souvent représentée dans un espace de la maison aménagé avec grand soin, bien éclairé, où la personne peut travailler sans être dérangée. Comment ne pas être heureux et productif à la fois dans un tel environnement ?
Comme le dépeint l’image de gauche, la dimension iconique du télétravail est souvent représentée dans un espace de la maison aménagé avec grand soin, bien éclairé, où la personne peut travailler sans être dérangée. Comment ne pas être heureux et productif à la fois dans un tel environnement ? En fait, personne n’est dupe de la situation relative à l’iconographie qui nous est vendue. Pour les entreprises, l’environnement de travail n’est pas la seule chose qui détermine la productivité et le bien-être des travailleurs à distance : les compétences personnelles en matière de gestion du temps, la discipline personnelle et les pratiques de bien-être sont aussi supposées jouer un rôle important dans la réussite du télétravail. Il revient donc au télétravailleur, individu autonome par définition, d’être productif et efficace, d »être l’architecte de sa vie et entrepreneur de lui-même.
Cette représentation iconique du télétravail ne représente pas la réalité. En fait, de nombreux travailleurs à distance travaillent depuis des espaces plus modestes, tels que des chambres à coucher, des cuisines ou des sous-sols. On suppose alors que le télétravailleur doive faire preuve de créativité pour aménager leur espace de travail de manière efficace et productif. Et pourtant, la représentation de personnes travaillant depuis des espaces aménagés avec grand soin sont plus susceptibles d’être utilisées dans les médias et la publicité pour promouvoir le télétravail, car elles donnent une impression de professionnalisme, de réussite et de bien-être, tous des incontournables d’une société de plus en liquide rythmée par Internet.
Quel est l’histoire de ce hamburger délaissé ? Qui l’a abandonné ainsi, sans un regard en arrière ? Est-ce un simple oubli ou un acte délibéré de mépris envers la nature et ses habitants ?
Un sentier sombre et étroit, sinueux à travers la forêt dense et détrempée. La pluie tombe drue, incessante, noyant le monde sous un linceul grisâtre. Et là, au milieu du chemin boueux, git un hamburger détrempé, abandonné tel un objet indigne d’intérêt. Autour de lui, quelques détritus épars jonchent le sol, témoignant de l’indifférence de l’homme pour la nature. La viande, jadis saignante et juteuse, est maintenant molle et flasque, noyée dans une mare d’eau sale. Le pain, quant à lui, jadis doré et croustillant, est maintenant mou et détrempé, semblable à une éponge imbibée d’eau. Symbole de la décadence de la société moderne, où la commodité et l’indifférence règnent en maîtres, il est un rappel poignant que même les choses les plus ordinaires peuvent devenir des objets tragiques, abandonnés et laissés pour pourrir dans l’oubli. Quel est l’histoire de ce hamburger délaissé ? Qui l’a abandonné ainsi, sans un regard en arrière ? Est-ce un simple oubli ou un acte délibéré de mépris ?
La recherche de produits rustiques et authentiques peut également être liée à une quête de sens et de connexion avec nos racines et notre patrimoine. Les produits artisanaux, tels que le pain au levain ou la charcuterie artisanale, sont souvent associés à une tradition et à un savoir-faire ancien, qui ont été transmis de génération en génération.
Le linguiste Émile Benvéniste disait que, « au fondement de tout se trouve la symbolique […] comme pouvoir de signification », et que « au fond, tout le mécanisme de la culture est un mécanisme de caractère symbolique, nous donnons un sens à certains gestes [ou certains repères visuels], nous ne donnons aucun sens à d’autres à l’intérieur de notre culture1. » La boulangère ici représentée est constitutive de ce que je nommerai la rusticité et l’authenticité dans une société de consommation. En fait, la mondialisation et la standardisation des produits ont entraîné une uniformisation des goûts et des habitudes de consommation. Les consommateurs ont ainsi tendance à rechercher des produits qui offrent une expérience différente et authentique, qui se démarquent des produits standardisés et impersonnels.
Les produits rustiques, tels que le pain artisanal, le fromage fermier ou les légumes bio cultivés localement, sont perçus comme étant plus authentiques et offrant une expérience gustative unique ; ils ont un pouvoir de signification, car ils ont un pouvoir de symbolisation. La recherche de produits rustiques et authentiques peut également être liée à une quête de sens et de connexion avec nos racines et notre patrimoine (la symbolisation). En consommant ces produits, les consommateurs peuvent ainsi renouer avec leurs racines symboliques et leur patrimoine culturel. Comme le soulignait Claude Lévi-Strauss, nous élaborons des mythes pour donner du sens au monde qui nous entoure.
Références 1 Benvéniste, E. (1974), Problèmes de linguistique générale II, Paris : Éditions Gallimard, p. 25.
Qu’est-ce qu’une composition sémiographique ?
Une conception sémiographique se définit comme étant la représentation graphique des signes et des symboles, c’est-à-dire leur mise en forme visuelle. Si, dans une perspective sémiotique, les signes peuvent être considérés comme des entités abstraites qui sont représentées par des formes concrètes, telles que des images ou des repères visuels, la conception sémiographique peut ainsi être vue comme la manière dont ces signes abstraits sont traduits visuellement, en utilisant des formes, des couleurs, des textures et des styles graphiques pour les représenter en utilisant des systèmes d’imagerie générative.
La question de savoir si l’on peut esthétiser la pauvreté à travers la photographie est complexe et suscite des débats parmi les professionnels de l’image et les experts en éthique.
La question de savoir si l’on peut esthétiser la pauvreté à travers la photographie est complexe et suscite bien des débats parmi les professionnels de l’image et les experts en éthique.
La pratique de la sociologie visuelle consiste essentiellement à utiliser la photographie pour documenter et analyser des phénomènes sociaux, tels que les inégalités sociales, la diversité culturelle, les relations de pouvoir, etc. Dans cette pratique, la dimension esthétique de l’image peut sembler secondaire par rapport à sa fonction documentaire ou informative, mais elle peut également jouer un rôle important, notamment pour communiquer des messages, susciter des émotions ou des réactions, ou encore pour inciter le public à s’engager davantage sur certaines questions sociales. Ainsi en va-t-il de la représentation esthétique des inégalités sociales et particulièrement de la pauvreté, car elle crée une ambiance ou une atmosphère particulière, suscitant par là même une émotion ou une réaction émotionnelle, qui peut alors incité à réfléchir ou à agir sur la question sociale en question.
Peut-on dès lors affirmer que les trois photos de gauche (quartier Saint-Roch de Québec, 2022) contribuent réellement à montrer les inégalités sociales et à faire prendre conscience que, même dans un quartier en processus d’embourgeoisement, la pauvreté est et demeure un phénomène réel et persistant ?
D’une part, certains peuvent soutenir que la photographie esthétique peut aider à sensibiliser le public aux conditions difficiles dans lesquelles vivent les personnes défavorisées, et que certains types d’images puissent inspirer une action positive pour aider à améliorer leur situation. Dans ce sens, la photographie esthétique peut également être un moyen efficace de communiquer des messages porteurs afin de promouvoir certains changements de nature sociale.
D’autre part, certains critiques soutiennent que la représentation esthétique de la pauvreté peut être problématique, voire abusive et exploitante. Ces derniers affirment que la mise en scène de la pauvreté dans une optique artistique peut donner une fausse impression de la réalité et encourager à voir la pauvreté comme quelque chose empreint d’un certain esthétisme romantique ou pittoresque. De plus, l’utilisation de ces images, sans le consentement ou la participation active des sujets photographiés, peut perpétuer les stéréotypes et les préjugés en réduisant les personnes pauvres à des objets de curiosité ou de pitié. Cet aspect n’est ni banal ni trivial. De là, il faut se poser quelques questions :
Ces photographies sont-elles utiles dans un monde visuel saturé d’images et d’informations ?
Est-il possible que la surexposition de ces images ait fini par les rendre moins efficaces ou même contre-productives, en rendant le public moins réceptif à leur message ou en les faisant apparaître comme des stéréotypes ?
Ces photographies représentant la pauvreté ont-elles un impact important, en particulier dans les contextes où les inégalités sociales restent élevées ou où la défavorisation est un enjeu majeur ?
La réponse à ces questions n’est pas simple et soulève bien d’autres questions quant à la représentation esthétique de la pauvreté :
Comment respecter les droits et la dignité des sujets photographiés tout en évitant de les exploiter pour un gain personnel ou artistique ?
Comment être conscients des effets potentiellement négatifs de ce type de photographie sur les personnes et les communautés qu’ils représentent ?
Quelles mesures prendre pour en minimiser les effets ?
Comment prendre en compte la dimension éthique pour représenter de manière authentique et respectueuse la réalité de la pauvreté ?
Malgré toutes les réponses ou constats que l’on pourrait obtenir en tentant de répondre à ces questions, un autre phénomène émerge qui en soulève plusieurs autres, du moment où les photographies sont générées par l’IA, ce qui est ici le cas (photos générées à partir de paramètres liés au quartier Saint-Roch lors de l’été 2022). De là, quels critères s’imposent alors pour traiter de l’esthétisation de la pauvreté ?
Il s’agit là d’un dossier à suivre, car l’IA doit-elle être exclue de la pratique de la sociologie visuelle ou intégrée en partie à celle-ci ?
L’église Saint-Louis, nichée sur les rives du fleuve Saint-Laurent, est un symbole de l’âme québécoise, de sa profondeur, de sa complexité, de sa richesse. Elle est l’expression d’un peuple, d’une histoire, d’une foi, d’une identité.
L’église Saint-Louis, nichée sur les rives du fleuve Saint-Laurent, est un symbole de l’âme québécoise, de sa profondeur, de sa complexité, de sa richesse. Elle est l’expression d’un peuple, d’une histoire, d’une foi, d’une identité.
Observation
Ce qui m’a toujours intrigué à propos de la pratique photographique, c’est qu’elle permet de plonger dans un passé toujours présent, c’est-à-dire que certains éléments du paysage datent d’une certaine époque, alors que d’autres éléments dans leur entourage se modifient ou s’ajoutent avec le temps. Autrement dit, la photographie permet d’encapsuler le passé en fournissant une image concrète et visuelle de moments passés, en préservant la mémoire, en transmettant l’histoire, en évoquant des émotions et en perpétuant l’héritage culturel. Par exemple, l’église Saint-Louis, nichée sur les rives du fleuve Saint-Laurent, est un symbole de l’âme québécoise, de sa profondeur, de sa complexité, de sa richesse. Elle est l’expression d’un peuple, d’une histoire, d’une foi, d’une identité.
Cette photo, prise un 4 septembre 2018 à l’Île-aux-coudres, cadre l’église Saint-Louis construite en 1885 tout au centre de la photo, alors que sur la gauche, une école à l’architecture typique des années 1950 occupe l’espace, et sur la droite, des maisons unifamiliales également à l’architecture typique des années 1950 se profilent à l’horizon. Au pied de la photo, un aménagement touristique rappelant le passé maritime de l’île et permettant d’avoir une vue sur la petite baie. De là, on peut dire que la photographie permet de transmettre des informations sur le passé et aide à raconter une histoire à propos d’événements historiques, de mouvements sociaux, de changements dans les paysages urbains ou naturels, etc.
Ces bâtiments sont aussi une manifestation physique de la hiérarchie économique et sociale qui existe dans notre société. Et pourtant, malgré leur séparation physique, ces bâtiments sont tous interconnectés, formant une toile complexe de relations sociales et économiques qui ne…
La photographie est un moyen de capturer et de partager la beauté du monde qui nous entoure. Les photographies esthétiques peuvent montrer des paysages à couper le souffle, des moments uniques et inoubliables, des détails artistiques, des motifs visuels, etc.…
Ces bâtiments sont aussi une manifestation physique de la hiérarchie économique et sociale qui existe dans notre société. Et pourtant, malgré leur séparation physique, ces bâtiments sont tous interconnectés, formant une toile complexe de relations sociales et économiques qui ne peut être ignorée.
ces bâtiments sont tous interconnectés, formant une toile complexe de relations sociales et économiques qui ne peut être ignorée.
De la basse-ville de Québec, les bâtiments se dressent comme autant de tours dans un paysage urbain dense. On peut y voir une véritable forêt d’édifices représentant un monde à part entière. Mais en regardant plus attentivement, on se rend compte que ces bâtiments, plus que de simples simplement des structures inertes et inanimées, ne sont pas simplement des constructions physiques : ils racontent aussi une histoire de la stratification sociale, constituent une toile complexe de relations sociales et économiques. Chacun de ceux-ci abrite des individus et des organisations qui interagissent entre eux, créant ainsi des liens économiques, sociaux et culturels entre les différentes couches de la société. En outre, ces bâtiments témoignent de l’histoire de la ville, de ses changements économiques et de ses transformations sociales. Les immeubles anciens ont souvent été réaménagés et rénovés pour s’adapter aux besoins de la société actuelle, tandis que les nouveaux bâtiments reflètent les tendances architecturales contemporaines et les nouvelles technologies.
Dans l’ensemble, la toile complexe de relations sociales et économiques tissée par ces bâtiments ne peut être ignorée. Elle est une manifestation tangible de la vie sociale, économique et culturelle de la ville de Québec et de la société dans son ensemble.
Si l’ergonomie fait référence à la manière dont le bureau à domicile et le mobilier à installer sont conçus afin de garantir la santé physique et mentale des personnes, réduisant ainsi les risques et les blessures possibles, il va sans dire que la première étape…
Les produits Leader Price vendus au Québec , à moins que le consommateur québécois ne le sache pas, sont des produits d’entrée de gamme en France. D’ailleurs, Leader Price se positionne comme « une enseigne où l’on peut concilier prix bas et plaisir » et c’est « le…
L’huile d’olive, par seule mise en marché à travers son marketing, signale l’accomplissement d’actions ou suggérant l’opportunité d’actions. Si le statut social peut influencer l’alimentation de différentes façons, le niveau de revenu et l’accès aux ressources financières peuvent également affecter les choix alimentaires des individus.…
Au Québec, en date de novembre 2022, 1 citoyen sur 4 éprouvait non seulement de la difficulté à s’alimenter sainement, mais éprouvait surtout de la difficulté à acheter des aliments afin de combler un besoin aussi élémentaire que celui de se nourrir. La vidéo de…
Définition Une frange visuelle prend généralement la forme d’un terrain en friche ou d’un bâtiment à l’abandon. Ses limites sont à la fois précises et imprécises. Précises, dans le sens où elles sont géographiquement circonscrites. Imprécises, dans le sens où elles ne sont pas tout…