L’icônique télétravail

La dimension iconique du télétravail est souvent représentée dans un espace de la maison aménagé avec grand soin, bien éclairé, où la personne peut travailler sans être dérangée. Comment ne pas être heureux et productif à la fois dans un tel environnement ?

Comme le dépeint l’image de gauche, la dimension iconique du télétravail est souvent représentée dans un espace de la maison aménagé avec grand soin, bien éclairé, où la personne peut travailler sans être dérangée. Comment ne pas être heureux et productif à la fois dans un tel environnement ? En fait, personne n’est dupe de la situation relative à l’iconographie qui nous est vendue. Pour les entreprises, l’environnement de travail n’est pas la seule chose qui détermine la productivité et le bien-être des travailleurs à distance : les compétences personnelles en matière de gestion du temps, la discipline personnelle et les pratiques de bien-être sont aussi supposées jouer un rôle important dans la réussite du télétravail. Il revient donc au télétravailleur, individu autonome par définition, d’être productif et efficace, d »être l’architecte de sa vie et entrepreneur de lui-même.

Cette représentation iconique du télétravail ne représente pas la réalité. En fait, de nombreux travailleurs à distance travaillent depuis des espaces plus modestes, tels que des chambres à coucher, des cuisines ou des sous-sols. On suppose alors que le télétravailleur doive faire preuve de créativité pour aménager leur espace de travail de manière efficace et productif. Et pourtant, la représentation de personnes travaillant depuis des espaces aménagés avec grand soin sont plus susceptibles d’être utilisées dans les médias et la publicité pour promouvoir le télétravail, car elles donnent une impression de professionnalisme, de réussite et de bien-être, tous des incontournables d’une société de plus en liquide rythmée par Internet.

© Texte et infographie : Photo|Société, 2023

Le télétravail et ses repères visuels

Si l’ergonomie fait référence à la manière dont le bureau à domicile et le mobilier à installer sont conçus afin de garantir la santé physique et mentale des personnes, réduisant ainsi les risques et les blessures possibles, il va sans dire que la première étape pour obtenir un bureau à domicile ergonomique est vraisemblablement d’opter pour des meubles qui permettent une posture correcte, facilitant ainsi le repos du corps pendant les heures passées à travailler en position assise, tout en offrant une liberté de mouvement et des changements posturaux confortables et fluides qui favorisent le bien-être des personnes.

Adopter les comportements appropriés en matière de télétravail, d’où l’idée d’une bonne chaise ergonomique afin d’augmenter l’efficacité et la productivité. (© Photo : Actiu, Trim azul aluminio)

Avec l’introduction et la généralisation du télétravail, de nombreuses personnes passent leur journée de travail dans leur bureau à domicile. Mais « comment obtenir le bureau à domicile idéal, qui devient un espace de travail efficace et qui s’adapte aux dimensions et aux caractéristiques du logement ? Si l’ergonomie fait référence à la manière dont le bureau à domicile et le mobilier à installer sont conçus afin de garantir la santé physique et mentale des personnes, réduisant ainsi les risques et les blessures possibles, il va sans dire que la première étape pour obtenir un bureau à domicile ergonomique est vraisemblablement d’opter pour des meubles qui permettent une posture correcte, facilitant ainsi le repos du corps pendant les heures passées à travailler en position assise, tout en offrant une liberté de mouvement et des changements posturaux confortables et fluides qui favorisent le bien-être des personnes1. » On reconnaît donc là tous les lieux communs liés à la notion d’ergonomie et de télétravail. Du point de vue de la sociologie visuelle, on reconnaît également là les 4 fonctions d’un repère visuel, à savoir :

  • signaler en vue de l’accomplissement d’actions ou suggérant l’opportunité d’actions ; dans le cas présent, il est essentiel de prendre en considération le nombre d’heures par jour que nous passons assis sur notre chaise de bureau à domicile, donc de l’éventuelle nécessité d’investir dans une chaise ergonomique ;
  • localiser d’autres repères qui doivent déclencher une action (le repère est élément de réseau), c’est-à-dire, dans un contexte de télétravail, s’ajoutent les risques liés à une mauvaise posture : un dos voûté ou des points de pression localisés en position assise peuvent entraîner de graves problèmes de santé à moyen ou long terme ;
  • confirmer qu’un individu adopte les comportements appropriés, et c’est pourquoi il serait essentiel d’investir dans une bonne chaise de bureau ergonomique ;
  • combler certaines attentes, c’est-à-dire que, dans un tel cas de figure, la prise en compte de l’ergonomie dans le bureau à domicile n’apporte pas seulement des bénéfices pour la santé à moyen et long terme, car l’accent mis sur le confort et l’ergonomie de l’espace de travail à domicile améliore et prolonge le temps de concentration et réduit les interruptions et les distractions dues aux déplacements et aux repositionnements.

Autrement dit, l’ensemble des 4 fonctions des repères visuels liés à une chaise ergonomique doivent avant tout répondre à des objectifs d’efficacité et de productivité, les maîtres-mots d’un monde du travail en constante mutation. On dira donc, du point de vue de la sociologie visuelle, que les repères visuels de l’ergonomie dans un bureau visent non seulement à proposer d’améliorer la qualité de la vie professionnelle des personnes (en leur apportant confort et sécurité et en améliorant l’environnement de travail, tant dans les équipes de bureaux ouverts que dans le cadre du télétravail), mais visent aussi à faire en sorte que le travailleur, en voyant une chaise ergonomique, sache qu’il se trouvera dans un environnement idéal et bien équipé, avec tous les éléments pour profiter d’une journée de travail où la santé et le bien-être seront pris en charge ; conséquemment, l’efficacité et les performances augmenteront inévitablement. C’est bien ce à quoi prétendent les repères visuels d’une bonne chaise ergonomique.

Référence
1 Actiu (2022, 9 août), ¿Por qué es importante la ergonomía en la oficina en casa?.

Un monde du travail en mutation

Un monde du travail en mutation (documentaire)

Nouvelles logiques de marché, mondialisation accrue, changements technologiques, nouvelles pratiques managériales, transformations des attitudes de la main d’œuvre à l’égard du travail. PRODUCTION INTERVENANTS Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Les transformations contemporaines du rapport au travail (colloque)

Les conditions économiques et culturelles qui façonnent les attitudes et les comportements au travail, de même que la place et le sens que revêt celui-ci chez les individus, se sont profondément transformées. PRODUCTION Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Plateformes de partage, la dimension cachée du travail

Les plateformes s’affichent comme des intermédiaires neutres, mais elles dissimulent des structures hiérarchiques et des liens de subordination plus importants qu’on ne pourrait le croire. PRODUCTION INTERVENANT Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Libéralisation des services

Le secteur des services n’échappe pas à la libéralisation, où l’évaluation du rendement s’infiltre de plus en plus. PRODUCTION INTERVENANTS Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Libéralisation des marchés

Flexibilité, évaluation du rendement, performance, nouveaux types de relation au travail. PRODUCTION INTERVENANTS Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Nouvelles pratiques managériales

De nouvelles pratiques managériales se sont implantées qui renvoient vers l’employé sa propre autonomisation. PRODUCTION INTERVENANTS Un monde du travail en mutation Transformations de la main d’œuvre

Précarité, l’employé devenu entrepreneur de lui-même

Tout d’abord, il est important de noter que la précarité en emploi n’est pas un phénomène isolé. Elle est le résultat de changements économiques et sociaux plus larges, tels que la mondialisation et la révolution numérique. Les travailleurs peuvent se sentir dépassés par ces changements rapides et incertains quant à leur avenir professionnel, car cette précarité se caractérise par des contrats à durée déterminée, des heures de travail irrégulières et une absence de protection sociale adéquate, rendant d’autant plus difficile la planification financière à long terme et compromettant par le fait même la sécurité financière des travailleurs. De nos jours, l’employé flexible et performant, précaire à souhait, est devenu un acteur clé pour les entreprises recherchant des travailleurs capables de s’adapter à des situations changeantes et en constante évolution, tout comme d’accomplir plus rapidement et plus efficacement certaines tâches. Les entreprises ont donc développé l’idée que les employés qui peuvent combiner ces deux qualités auront un certain avantage sur le marché du travail et seront ainsi en mesure de se démarquer dans leur carrière. Toutefois, si la précarité en emploi est de plus en plus un défi pour les travailleurs et les entreprises, il n’en reste pas moins qu’il devient impératif de prendre des mesures pour garantir la sécurité financière des travailleurs et leur permettre dès lors de pérenniser leur vie professionnelle.

Un parcours de la précarité en emploi

Les emplois sont de plus en plus précaires pour différentes raisons dont :

  1. le mouvement vers une économie mondialisée a entraîné une augmentation de la concurrence et une réduction des coûts pour les entreprises, ce qui a souvent conduit à des stratégies de flexibilité accrue pour les employés ;
  2. les avancées technologiques et la robotisation ont également joué un rôle en remplaçant certains emplois par des machines et en rendant d’autres obsolètes ;
  3. les entreprises adoptent souvent des modèles d’affaires fondés sur la collaboration et la sous-traitance pour maximiser leur flexibilité et réduire leurs coûts ;
  4. les gouvernements de certains pays ont modifié leurs lois du travail pour faciliter la flexibilité des emplois et permettre aux entreprises de les ajuster plus facilement en fonction de leurs besoins en matière de ressources.

Les principales caractéristiques de la précarité en emploi se répartissent grosso modo comme suit :

  • contrats temporaires ou à durée déterminée : les employés sous contrats temporaires ou à durée déterminée n’ont pas la garantie de garder leur emploi pour une période prolongée ;
  • faible salaire et avantages sociaux : les employés précaires ont souvent des salaires inférieurs à la moyenne et peu d’avantages sociaux tels que des congés payés, une assurance maladie et une retraite ;
  • instabilité du travail et horaires irréguliers : les employés précaires peuvent subir des changements fréquents dans leurs horaires de travail, y compris des heures supplémentaires imprévues et des périodes de travail tardives ;
  • incertitude quant à l’avenir professionnel : la précarité en emploi peut entraîner une incertitude quant à l’avenir professionnel des employés, ce qui peut causer du stress et de l’anxiété ;
  • faible protection contre les licenciements : les employés précaires ont souvent peu de protection contre les licenciements sans préavis, ce qui peut entraîner une incertitude quant à leur sécurité d’emploi ;
  • absence de formation et de développement de carrière : les employeurs peuvent ne pas investir dans la formation et le développement de carrière des employés précaires, ce qui peut les empêcher de progresser dans leur carrière.

En conclusion, la précarité en emploi est caractérisée par des contrats temporaires, des salaires inférieurs à la moyenne, de l’instabilité de travail, une incertitude quant à l’avenir professionnel, une faible protection contre les licenciements et une absence de formation et de développement de carrière.

Regardez, je suis en train de réussir !

Au milieu des années 1980, les coachs de vie débarquent, colonisent les librairies, prônent le succès — cette finalité de la volonté de puissance — et entonnent la litanie des gens heureux : Soyez compétents ! Prenez-vous en main ! Faites votre propre bonheur ! Soyez l’entrepreneur de votre propre vie ! Soyez autonome ! Et ils font recette, engrangent des millions de dollars en faisant croire qu’il suffit d’être compétent et performant pour réussir. Et l’individu y croit tellement, qu’il les écoute, qu’il boit leurs paroles, qu’il achète leurs livres, qu’il assiste à leurs séminaires à prix fort, qu’il finiti par avoir l’air radieux.

Comme le disait Nietszche, « Les applaudissements sont une continuation du spectacle. L’air radieux et le sourire bienveillant, c’est la façon d’approbation que l’un donne à la grande comédie du monde et de l’existence, mais c’est en même temps une comédie dans la comédie qui doit entraîner les autres spectateurs au « plaudite, amici1 », c’est-à-dire à entraîner les autres spectateurs dans notre propre démarche de réussite ». En fait, ne suit pas les conseils d’un coach de vie si ce n’est pour se montrer en spectacle et dire, « Regardez, je suis en train de réussir ! ».

Repères visuels du succès communs aux hommes et aux femmes

Repères visuels du succès en dehors du travail

En sociologie visuelle, il y a tout un travail de catégorisation à faire pour identifier les repères visuels de la réussite. Tout d’abord, ces repères visuels doivent répondre à 4 critères : la visibilité (caractéristiques morphologiques), la distinctivité (on ne peut le confondre avec un autre), la pertinence (ce à quoi il sert), la disponibilité (est un invariant visuel). Par exemple, si les symboles de la réussite ont souvent été attribué aux hommes, les femmes n’ont pas été en reste depuis le début des années 2000 et se sont appropriés les symboles en question :

  • le travail et la carrière — avoir un travail prestigieux ou une carrière bien établie peut être considéré comme un signe extérieur de succès ;
    la tenue vestimentaire — les individus considérés comme ayant du succès peuvent souvent être vus en train de porter des vêtements coûteux, élégants et bien coupés ;
  • la voiture — posséder une voiture haut de gamme ou luxueuse peut souvent être considéré comme un symbole de succès et de richesse ;
  • les bijoux et les accessoires — porter des bijoux coûteux et des accessoires de marque peut être considéré comme un signe extérieur de réussite et de statut social élevé ;
  • la maison — posséder une grande et belle maison peut être perçue comme une indication de richesse et de succès.

Cependant, il est important de noter que ces éléments sont souvent superficiels et ne reflètent pas nécessairement le véritable succès ou le bonheur d’un individu. Le succès peut être mesuré de différentes façons, telles que la satisfaction personnelle, la réalisation de ses objectifs et la qualité des relations interpersonnelles. Il est donc important de ne pas se fier uniquement aux apparences extérieures pour juger du succès d’un individu, mais comment rendre compote, sur le plan visuel de ces caractéristiques ?

© Texte : Pierre Fraser (PhD), 2023
© Photos : Andrea Piacquadio

Un monde du travail en mutation (documentaire)

Nouvelles logiques de marché, mondialisation accrue, changements technologiques, nouvelles pratiques managériales, transformations des attitudes de la main d’œuvre à l’égard du travail.

PRODUCTION

  • Production : Daniel Mercure (sociologue, Université Laval)
  • Coproduction : Fonds d’innovation pédagogique (Université Laval)
  • Réalisation : Pierre Fraser (sociologue)
  • Postproduction : Photo|Société

INTERVENANTS

  • Daniel Mercure (sociologue, Université Laval)
  • Jacques Létourneau (ex président de la CSN) Louise Chabot (ex présidente de la CSQ)

Les transformations contemporaines du rapport au travail (colloque)

Les conditions économiques et culturelles qui façonnent les attitudes et les comportements au travail, de même que la place et le sens que revêt celui-ci chez les individus, se sont profondément transformées.

PRODUCTION

  • Production : Chaire Jean d’Alembert, Université Paris-Saclay, Institut d’études avancées de Paris
  • Coproduction : Daniel Mercure
  • Postproduction : Pierre Fraser


Transformations de la main d’œuvre

Plateformes de partage, la dimension cachée du travail

Les plateformes s’affichent comme des intermédiaires neutres, mais elles dissimulent des structures hiérarchiques et des liens de subordination plus importants qu’on ne pourrait le croire.

PRODUCTION

  • Production : Photo|Société
  • Réalisation : Pierre Fraser
  • Sous-titrage : LinguaCode

INTERVENANT

Transformations de la main d’œuvre

Libéralisation des services

Le secteur des services n’échappe pas à la libéralisation, où l’évaluation du rendement s’infiltre de plus en plus.

PRODUCTION

  • Production : Daniel Mercure (sociologue, Université Laval)
  • Financement : Fonds d’innovation pédagogique (Université Laval)
  • Réalisation : Pierre Fraser
  • Postproduction : Photo|Société

INTERVENANTS

  • Daniel Mercure (sociologue, Université Laval)
  • Louise Chabot (députée fédérale de Thérèse-de-Blainville)

Transformations de la main d’œuvre

Libéralisation des marchés

Flexibilité, évaluation du rendement, performance, nouveaux types de relation au travail.

PRODUCTION

  • Production : Daniel Mercure (sociologue, Université Laval)
  • Financement : Fonds d’innovation pédagogique (Université Laval)
  • Réalisation : Pierre Fraser
  • Postproduction : Photo|Société

INTERVENANTS

  • Daniel Mercure (sociologue, Université Laval)
  • Jacques Létourneau (ex président de la CSN)

Transformations de la main d’œuvre

Nouvelles pratiques managériales

De nouvelles pratiques managériales se sont implantées qui renvoient vers l’employé sa propre autonomisation.

PRODUCTION

  • Production : Daniel Mercure (sociologue, Université Laval)
  • Financement : Fonds d’innovation pédagogique (Université Laval)
  • Réalisation : Pierre Fraser
  • Postproduction : Photo|Société

INTERVENANTS

  • Daniel Mercure (sociologue, Université Laval)
  • Louise Chabot (députée fédérale de Thérèse-de-Blainville)
  • Jacques Létourneau (ex président de la CSN)

Transformations de la main d’œuvre