D’une conception très moderne, résistante aux tremblements de terre et à des vents très forts, la tour de Kyoto est là pour rester. La nouvelle gare centrale Kyoto-eki, quant à elle, fut construite pour commémorer le 1 200e anniversaire de la ville. Très large, elle accueille de nombreuses lignes de trains. C’est le point de départ et d’arrivée d’à peu près tous les voyageurs.
Regards sur Kyoto
La sociologue Valérie Harvey propose ici une fresque en quatre temps de Kyoto où l’habitation dessine non seulement les quartiers de la ville, mais en détermine aussi l’intimité de chaque résident, sans compter la pauvreté dont la ville n’est pas exempte, confrontée qu’elle est à la modernité.
Plan rapproché
Citer cette série
Harvey, V. (2021), « Dans les rues de Kyoto », Sociologie Visuelle – Plan rapproché, n° 2, éds. Pierre Fraser et Lydia Arsenault, Québec : Photo|Société, pp. 21-31.
Sommaire
Située au cœur du Kansai, appellation qui désigne le sud-ouest japonais, Kyoto est à 500 kilomètres de la capitale, Tokyo. Ce qui signifie une nuit d’autobus ou deux heures quinze de shinkansen, le TGV japonais, sur la route millénaire du Tōkaidō, le « chemin de la mer de l’est ». Blottie au cœur d’une vallée, la ville est un « château-fort de montagnes » selon les mots de son fondateur, l’empereur Kammu, c’est-à-dire qu’elle est bien protégée par les des monts au nord, à l’est et à l’ouest. Appuyés sur ces contreforts, on trouve les plus beaux des 2 000 temples de la cité. Deux rivières majeures traversent Kyoto : la Katsura-gawa à l’ouest et la Kamogawa à l’est. Elles se fondent en une seule un peu plus au sud, devenant la Uji-gawa, du nom de la cité où elles convergent. Heian-kyô, comme on l’appela à l’origine, fut construite à partir d’un plan respectant un découpage carré des rues, des marchés, des temples et d’un palais impérial situé au centre nord de la ville, comme cela se faisait dans les villes chinoises de l’époque. La ville s’étendit rapidement au-delà des portes, d’abord vers l’est, puis vers l’ouest.
Lors du dernier shogunat (1603-1867), gouvernement militaire, le shogun Ieyasu Tokugawa fit construire le château de Nijō. L’emplacement du château en dit beaucoup sur le pouvoir prédominant exercé par le shogun pendant cette période. En effet, alors que le palais impérial se contente du nord, le château de Nijō est situé en plein centre de la ville. Cette démonstration de pouvoir dans le découpage même de la cité n’est pas que symbolique : lors de la restauration Meiji en 1868, c’est au château de Nijō que le shogun rendit le pouvoir à l’empereur, et c’est à partir de cet endroit central que le souverain tint les premières assises de son gouvernement.