Dans les méandres de la cité, où les ombres s’étirent comme des souvenirs oubliés, se dessine une scène étrange et captivante où les silhouettes qui s’y meuvent, chargées du poids des jours passés, semblent danser une valse mélancolique avec le temps. Leurs gestes, empreints d’une lassitude profonde, révèlent une intimité avec la fatigue, l’usure du quotidien et les vêtements élimés.
Les corps fatigués et élimés
Dans les méandres de la cité, où les ombres s’étirent comme des souvenirs oubliés, se dessine une scène étrange et captivante où les silhouettes qui s’y meuvent, chargées du poids des jours passés, semblent danser une valse mélancolique avec le temps. Leurs gestes, empreints d’une lassitude profonde, révèlent une intimité avec la fatigue, l’usure du quotidien et les vêtements élimés.
Sur le terrain
Citer cet article
Fraser, P. (2024), « Les corps fatigués et élimés », Sociologie Visuelle – Photographier le monde, n° 5, éds. Pierre Fraser et Lydia Arsenault, Québec : Photo|Société.
Dans l’œil de la caméra
Les attitudes corporelles construites à partir de corps fatigués, de vêtements usés et élimés, la démarche lente et les itinéraires discrets, en contraste avec l’environnement global mobile, traduisent une certaine inertie, un certain abandon au sort. À l’inverse, les corps jeunes et énergiques, vêtus à la dernière mode et à la démarche affirmée sont en contraste, dans les sociétés occidentales, avec une large part de la population vieillissante. Tous ces types de silhouettes construisent l’insolite en contexte. Concrètement, la géométrie sociale se construit toujours à partir de contrastes, de là la nécessité de tout un travail de typification des attitudes corporelles qui reste encore à faire. En ce sens, cette photo traduit deux phénomènes : (i) la façon de se vêtir de certaines personnes démunies et la posture corporelle, parfois prostrée, des gens défavorisés (certes, tous les gens défavorisés n’ont pas une posture corporelle prostrée ni ne porte tous des vêtements défraîchis) ; (ii) la façon dont les attitudes corporelles des uns et des parcours à la fois visuels et sociaux, délimitent un territoire visuel et social où se vit la mixité entre gens nantis et démunis. En d’autres termes, « nous sommes tous occupés à améliorer constamment notre image devant le monde1 ».